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Le revers de l'âme
21 juin 2016

Le barman

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B'soir Mr.

Qu'est-ce que j'vous sers ?

Attendez; attende.

Je vous conseille un vers de vague à l'âme.

Désolé mon bon monsieur;

mais de votre cœur je ne discerne plus la flamme.

De ce que j'peux en voir,

vous avez le moral au plus bas.

S'il s’effondre, je vous préviens,

qu'il compte pas sur moi pour lui r'mettre le cul sur le tabouret.

Ho, mais c'est qu'un vers n'y suffira pas, tenez mon brave celui-là, il est pour moi.

Mon pauvre ami, que vous est-il arrivé pour en arriver là?

Vous êtes tombé bien bas, rattrapé de justesse à mon comptoir, pour un peu vous divagueriez sur l'trottoir.

Pour l'amour de Dieu!

Ne me racontez pas...

Le mal qui vous ronge est contagieux mon ami, et bien que votre détresse attire ma sympathie,

je n'ai aucune envie d'en souffrir moi aussi.

Taisez-vous donc inconscient, et laissez-moi abreuvé votre fois.

Mais c'est qu'il va me finir la bouteille ce soiffard!

N'ayez crainte, pour moi votre satiété est un devoir.

En gentil homme que je suis, je me dois cependant d'vous prévenir.

Il est vrai que pour oublier,

cette liqueur elle n’a pas son pareil.

Mais force de vous en submerger, vous risquez fort de finir par vous y noyer.

Et s’il est vrai que j'en fais le commerce, n'y voyez là aucune perverse pensée.

Ce sont vos peines et votre amertume que je me contente de distiller.

Cela vaut mieux pour vous que de vous geler les miches dehors sur le bitume.

Sur ce point, vous ne me donneriez pas tort, je présume?

Et si je suis riche, ce n'est pas en denier; mais en humanité.

Car des torts mon ami, oui des torts j'en ai plus que de raison.

Oui plus d'une fois moi aussi j'ai voulu prendre la route du port;

en de bien mornes saisons.

Mais là où vous avez pris la mer moi je suis resté a terre.

Et c'est en contemplant votre noyade, en admirant ce combat vain et navrant.

Quand je suis le dernier à pouvoir vous jeter la bouée.

Et que je n'en fais rien.

C'est là, enfin, que je me sens serein.

Et quand on retrouvera votre cadavre boursouflé arrimé aux rochers.

Soyez sans crainte qu'à votre santé j'offrirai une tournée.

À tous celles et ceux en mal, de vague, à l'âme.

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Le revers de l'âme
  • Après un regard sur le passé. Sur la pointe des pieds dressé. Sans espoir d'apercevoir l’après. Du haut de ce perchoir de fortune. Je ravale mon amertume. Et vous fait don de la progéniture de ma plume.
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